Détours de chant @ Toulouse – 28.01.2012 au 11.02.2012

Détours de chant @ Toulouse – 28.01.2012 au 11.02.2012

17/03/2012 0 Par Haazheel

Alors que nous y allons depuis des années, voici la première chronique consacrée en totalité au festival Détours de Chant à Toulouse ! Il était temps…

Car c’est une première pour notre humble webzine ! Nous allons pouvoir couvrir l’intégralité du festival cette année. Enfin quand je dis totalité… Avec 37 spectacles sur 2 semaines répartis sur 14 salles de Toulouse et alentours, vous vous doutez bien que l’on ne va pas pouvoir tout faire. Détours de Chant est un festival vraiment original du fait de son organisation, de sa durée avec une programmation très audacieuse !
Pour les têtes d’affiche que nous attendons avec le plus d’impatience : Izia et les Têtes Raides, Arthur H, Sanseverino, Miossec. Pour les groupes que l’on vous recommande chaudement parce qu’on sait qu’un jour, ils seront tête d’affiche du festival : Chouf, Olivier Gil, Pauvre Martin, Chloé Lacan, Barcella, les Malpolis, etc… Et puis il y aura très certainement de belles découvertes.

Voix Express, les Tistics

“Voix Express” ouvre la soirée avec Hervé Suhubiette aux commandes de nombreux chanteurs et chanteuses. Des reprises d’Arthur H afin de rendre hommage à ce chanteur qui participera lui aussi au festival et la venue de prestigieux invités : Olivier Gil avec “Le roi des cons” et Pauvre Martin avec des révélations sur la mort de Jésus Christ. Le public complétera cette chorale avec brio en fin de set.

Une vraie soirée d’ouverture au théâtre des Mazades (que nous avions découvert il y a peu pour le concert des Grandes Bouches) et une soirée qui affiche complet ! Alors la compagnie des Tistics, nous l’avions déjà croisée par 2 fois et il est vrai que le show nous avait vraiment plu : c’était drôle, très bien mis en scène et on avait passé de très bonnes soirées. Par contre j’avais visiblement raté leur ascension médiatique et leurs passages télés (ne la regardant jamais, c’est assez probable). Je rappelle le principe : des chansons de pop en anglais qui sont traduites à la sauce Tistics. L’idée est basique mais c’est fait avec beaucoup de talent ! Les mises en scène de musique comme “Hotel California” ou “Hello Goodbye” sont excellentes, les danseurs/chanteurs/musiciens sont à fond et le public se surprend à découvrir des paroles originales. Le spectacle se voulait interactif mais là on a assisté à quelque chose d’étrange… Le succès des Tistics les dessert… A chaque introduction, le but du jeu est de tenter de deviner le titre original à partir de sa traduction et c’est un des moments les plus savoureux quand vous vous creusez la tête à reconnaître le morceau. Et bien malheureusement, quelques comiques ayant vu des vidéos ou le spectacle trouvent intelligent de balancer le titre parfois au premier mot ! C’est rigolo une fois à la limite mais plusieurs fois, cela devient limite agaçant. Alors les Tistics n’y sont pour rien et le show était fabuleux mais 3 ou 4 personnes auront un peu gâché le plaisir de centaines d’autres… Retournez les voir le 30 mars, ils repassent dans la région. Le public de ce soir leur a offert de longues minutes de standing ovation et c’était plus que mérité.

Eric Lareine et ses enfants

Souvent décrit comme le secret le mieux gardé de Toulouse, je dois vous avouer que je n’avais jamais croisé ce grand homme et ses 12 ans sans aucun album n’y sont pas pour rien. Je n’allais donc pas rater cette soirée et j’ai également découvert l’espace Croix Baragnon au centre-ville. Une petite salle pas forcément géniale pour les concerts avec des piliers un peu gênant mais je trouve une place sans ce désagrément. Et le concert débute : 3 musiciens et enfin Eric Lareine ! Première surprise : la voix qui me fera penser à de grands noms de la chanson, une voix qui marque et également un sourire enfantin sur le visage de ce monsieur visiblement heureux d’être sur scène. Malheureusement, je ne suis rentré à aucun moment dans cet univers, je n’arrivais pas à saisir les paroles ni à me focaliser sur la musique expérimentale qui l’accompagne… Une rencontre ratée en ce qui me concerne.

Izia

Voir la chronique qui lui est consacrée en bas de page.

Pauvre Martin

Nous allons donc retrouver notre trio toulousain préféré à la Cave Poésie. Pauvre Martin réussit à attirer pas mal de monde malgré le froid glacial qui règne en ville. La configuration sur scène est celle que nous avons pu voir au Bijou avec une table, 2 verres de vin, un jeu de cartes comme dans un bistrot de village. Florent nous lit un texte avant de lancer le concert. Un début un peu lent mais avec la surprise de découvrir pas mal de nouveaux titres et de voir que les autres membres se mettent pus en avant : Lucas chante de plus en plus, Adrien se permet quelques pas de danse. Des reprises très réussies également et la palme de l’interprétation qui revient à Lucas avec son morceau en solo au piano. Un morceau touchant… troublant… surtout quand ses 2 compères feront tourner les serviettes pour mieux accompagner cette reprise. “Chango le chat” a définitivement disparu du set, par contre, je ne me lasserais jamais de “Boxer” ou “Du coeur à revendre”. Toujours aussi beau et de plus en plus travaillé, on aime à la Myg et on vous invite à suivre leur parcours.

Olivier Gil

Et un toulousain de plus qui est invité sur ce festival ! Très bonne initiative que de choisir le gagnant du tremplin Pause Guitare 2011 et son pianiste Lucas. Le même Lucas que Pauvre Martin pour ceux qui ont eu le plaisir de voir ce groupe. Alors Olivier Gil, pour ceux qui n’en auraient jamais entendu parler, c’est une personne qui a une des plus belles plumes de la région (de France ?). En tout cas le jeune est talentueux et il a offert ses talents à d’autres Toulousains comme Chouf avec le titre “La pâquerette” : morceaux où l’on partage le réveil difficile d’un garçon qui devrait arrêter de boire visiblement. Lucas est quant à lui toujours aussi impressionnant au piano et permet à Olivier de voir ses textes bien accompagnés et mis en valeur. Le moment le plus touchant dans ce set est pour moi le titre “l’enfance”… une introduction faite avec un poème pour son papa et enfin le morceau qui vous fera avoir des frissons de nostalgie. Un autre des talents du garçon est de pouvoir vous mettre en moins de 2 minutes dans des situations crédibles et où vous vous sentez personnellement concerné : une envie d’enfant, la drague dans un bar, etc… Il décrit la vie le temps d’une chanson et cerne des concepts comme l’amitié en visant juste et bien : “c’est pénible un copain quand on est trop gentil…” ! Olivier sait évidemment que l’on va lui reprocher de ressembler à un tel ou un tel et il a prévu le coup : “Les références” histoire de fermer ce genre de remarque peu constructive. On lui souhaite un avenir dans la chanson dans la même veine que les références qu’il a et en tout cas nous sommes convaincu que cet artiste mérite toute votre attention.

Dimoné, Arthur H

Avec un petit retard nous pouvons retrouver Dimoné sur scène et pas de doute, Dimoné a bien planté son univers sur la scène du Bikini. “Je voudrais” semble joué par tout un groupe mais c’est bien un duo qui arrive à capter l’attention d’un public venu nombreux pour Arthur H. Le look et le jeu de scène est spécial, étrange et inhabituel, le public semble avoir bien reçu tout cela et j’espère qu’ils seront nombreux à avoir fait le déplacement au Bijou pour en voir plus.

Un décors de chantier accueille un Arthur H brandissant une canne-lampe ! Le charisme du bonhomme est hallucinant… Un chapeau vissé sur des oreilles de Mickey (car tout le monde sait bien que Mickey a volé les idées des grandes oreilles à Arthur H, voyons !), une voix que l’on reconnaîtra encore dans 50 ans et un show digne des plus grandes stars françaises… Ce qui correspond pas mal en fait à Arthur H. De retour d’Haïti (info ou intox ?), tous les morceaux seront plus ou moins introduits avec des références à ce pays ou il semble difficile de se plaindre. “Baba love” était pour moi un grand inconnu et le retour à la période “Adieu tristesse” ne semble pas encore d’actualité… Dommage mais ceci ne change rien à la qualité du concert de ce soir : presque 2 heures de set, une réalisation impeccable et quelques morceaux comme “Les chercheurs d’or” ou “Est-ce que tu aimes ?” pour nous faire plaisir. Et surtout un Arthur H totalement barré dans ses introductions, un plaisir à le voir rire de ses propres introductions. Un tout petit regret… alors que sa soeur nous a offert une des meilleurs soirées, on aurait tellement aimé un duo sur “La beauté de l’amour”… On pourrait se prévoir une petite réunion Higelin pour l’édition 2013 du festival non ?

Barcella, les Malpolis

Enfin le retour de Barcella à Toulouse et avec les Malpolis qui suivent, une des soirées du festival les plus attirantes. Nouvelle date mais surtout premier contact avec le futur (enfin !) nouvel album “Charabia” qui devrait sortir en mai cette année. Les guirlandes de lumière refont leur apparition mais les musiciens ont disparu (la faute à la crise visiblement) mais on espère rapidement voir un groupe se reformer. Et puis changement de look pour notre dandy favori avec un petit air de gavroche hors du temps et toujours ses petits sourires charmeurs pour se mettre le public dans la poche. naviguant comme un poisson dans l’eau, Barcella sait se montrer touchant, nostalgique ou encore faire vibrer des souvenirs que l’on croyait oubliés. Comment ne pas se rappeler des cahiers de vacances ? A Toulouse, visiblement le niveau est assez faible car même les tables de multiplication semblaient compliquées. Poétique et drôle, “Claire Fontaine” raconte la rencontre amoureuse d’une feuille et d’un stylo avec un dénouement inattendu pour notre héros. Un public qui se régale et n’hésitera pas à donner dans le participatif : qui pourrait refuser de crier “Salope” pour se détendre ? “La queue de poisson” a trouvé son public et les paroles sont déjà connues d’un groupe de fans… Le succès est en route et on vous avait prévenu il y a longtemps. Mais c’était inévitable avec des thèmes fédérateurs comme le suicide, comment douter de l’adhésion du plus grand nombre. Barcella avec 2 ailes pour nous faire voyager, la mission est une réussite totale et on trépigne à l’idée d’avoir enfin l’album entre les mains.

Le plus célèbre duo toulousain (et plus trio pas absence du batteur) joue à domicile avec la même ligne depuis 15 ans (enfin 14 si on veut être précis). On se moque de la droite et de la “faute aux 35 heures”… C’est vrai que je ne pensais pas qu’autant de choses étaient du fait des 35 heures ! On se moque également des alter-mondialistes, on se moque de la presse people (où on lance un nouveaux magasine au doux nom de Loser à destination des SDFs ?). Retour sur de vieux morceaux qui ont plus que marqué les esprits :“Une famille d’amour” fera particulièrement plaisir à un homme dans le public qui venait de Vendée. Comme quoi certains ont de l’humour même s’il suggérera de se faire rembourser. Il est assez drôle d’entendre la réaction du public avec des phrases comme “ha oui mais c’est trop vrai ça hein !” et puis quand les Malpolis attaquent des thèmes plus à gauche, les personnes ont du mal à savoir s’il faut rire ou non. “Les Charlotte” nous feront l’honneur d’un retour et elles n’ont pas changé malheureusement… Pour ceux qui n’auraient pas encore pu voir les Malpolis, il n’est jamais trop tard pour se faire du bien et rire de soi-même. je conclurais avec l’aide de leur générateur d’articles pour journaliste : “Souvent mordants mais toujours désopilants, les Malpolis sont un duo de chansonniers satiriques qui raillent l’absurdité et la bêtise de notre monde avec une dérision subtile et jubilatoire”.

Chouf, Têtes Raides

Cette soirée me rappelle une date en 2008 (déjà?) où nous avions pu découvrir Monsieur Chouf en solo avant de retrouver les Têtes Raides. 2012 et ce sont 4 têtes de clou qui vont faire la première parties de leur papa de la chanson, les Têtes Raides (vous suivez jusque là ?). Nous avions rencontré un jeune homme avec de chansons drôles et avec des petits airs qui ne vous coûtent plus comme “Le petit bateau de bois” ou “la pâquerette”, on découvre un groupe de scène capable d’emballer un public venu pour la tête d’affiche. “T’y crois t’y crois pas” débute le set et autour de moi les gens commencent déjà à danser, chantonner et sourire. Le combat batterie/contrebasse/cuivre/guitare est sans faille, on retrouve un ambiance digne du groupe qui va suivre. Certaines chansons pourraient faire peur comme “la cuisine des sorcières”, d’autres sont de purs chef d’oeuvre : “Les écorchés” est un de plus beaux titres de la soirée ! “Les derniers qui restent”clôturent très justement le set et on est très content d’avoir pu découvrir ce garçon très tôt et d’enfin voir le groupe prendre une ampleur nouvelle. C’est certain maintenant, le groupe tient largement une salle de la taille du Bikini et on attend d’enfin avoir Chouf en tête d’affiche, en tout cas tout est réuni pour cela.

Une petite année s’est écoulé depuis leur dernier passage et nous avons eu le temps d’user le CD (je sais un CD ne s’use pas, mais les Têtes Raides ont sorti un 45 tours je vous rappelle donc c’était une référence) “L’an demain” et nous sommes maintenant plus à même d’apprécier les “nouveaux” titres comme“Gérard” ou “Angata”. Bien plus énergique que ce que l’écoute de certains album pourraient laisser penser, les “papas” de la chanson ne sont pas en reste et malgré la relative simplicité du décors (une lampe au plafond ça compte ?), ils arrivent à créer des ambiances différentes uniquement en changeant les lumières. Christian Olivier semble presque intemporel et même si je suis loin d’être un fan de la première heure, j’ai la sensation qu’on pourrait venir les voir dans 5 ans, on aurait toujours le même plaisir. Il y a évidemment des repères immanquables et la danse du slip en fait partie ! Une chanson hommage à Mano Solo “Pas du gâteau”, un moment touchant et assez émouvant en fait… Et le classique “Ginette” et un Bikini plongée dans le noir à l’exception de cette lampe… je me demande depuis quand ce moment existe mais je crois ne pas avoir vu de concert des Têtes Raides sans me souvenir de ces moments-là. En dernier titre, “Saint-Vincent”.. quelle claque ! C’était magnifique… A ceci prêt qu’un groupe de “gros lourds” gâchera par moment le titre… Crier “A poil” est rarement très drôle mais sur un morceaux comme celui-ci c’est…pathétique… Le set se termine sur ce titre et on ne m’otera pas de l’idée qu’on aurait pu avoir d’autres morceaux sans la présence de quelques perturbateurs… Dommage, les Têtes Raides c’est tout de même un groupe de scène qui n’a plus rien à prouver et que l’on aimerait suivre encore des dizaines d’années !

Merci à Perrine et merci au festival ! Merci à Yann ! Merci à Thomas Guillin et Marc Nguyen pour les photos !

Photos Chouf
Photos Têtes Raides